Traîtresse !

C’était un matin de juin, nous sortions du jardin des Tuileries et la place de la Concorde s’offrait à nos yeux. Il faisait beau et la foule qui déambulait à nos cotés était souriante, je pensais ; c’est curieux comme nous sommes tous sensibles à la lumière…
—Si nous allions déjeuner aux « Salons Élysées » ?
—Bonne idée, surtout si nous obtenons une table en terrasse.
Quelques minutes plus tard, nous atteignions le « Rond-point » et nous pénétrions dans la salle du restaurant.
—Treize heures, la table sous le parasol, parfait, nous serons là.
Bras dessus, bras dessous, nous remontâmes alors les « Champs » coté des N° pairs.
—Tu as vu, au milieu des « Séphora », « Virgin » et autres « Macdos », la boutique « Guerlain » a résisté !
—Oui, même lieu, même façade avec un petit air chic et compassé.
—Je t’ai dis, je crois, que cette boutique m’a valu la rupture avec une de mes « ex » ?
— Même en me creusant la tête, je ne vois pas comment une boutique …
J’en avais trop dit ou pas assez et il me fallut sur le champ m’expliquer.
—Il y a longtemps, très longtemps, nous nous promenions, Mademoiselle X et moi-même sur le même trottoir et en passant devant la boutique Guerlain, elle me dit :
—Cette parfumerie, c’est pour moi un bon souvenir…
—Si le lieu est une source de bonheur à tes yeux, entrons.
Dans cet univers chic parisien, des femmes sans âge reniflaient les parfums que des vendeuses en tailleur noir leur présentaient.
—Mon compagnon, avant toi, m’avait offert « Chant d’arômes » à sa sortie, dans les années 60.
—Mais nous nous connaissions déjà ! Madame, il est sorti à quelle date ?
—1965.
—Je sortis après avoir donné congé à Mademoiselle X et en murmurant entre mes dents... diablesse, traîtresse !

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